LE RAPPORT EFFICACITÉ-COÛT
La population belge vieillissante nécessite davantage des soins médicaux, augmentant ainsi la demande de financement au niveau de la sécurité sociale. De plus, l’incidence de cancer est déjà élevée et augmente encore pour certaines tumeurs peut-être même plus que dans les pays voisins. Ceci augmentera également la demande de financement d’un plus grand nombre de traitements oncologiques. Un troisième problème est l’explosion des coûts pour certains traitements oncologiques, par exemple des drogues à utilisation systémique. L’industrie pharmaceutique rentabilise les couts élevés des développements des drogues ciblés.
Ceci n’est que 3 éléments qui expliquent une demande de financement de plus en plus lourde pour la société. On prévoit que ces phénomènes se manifesteront encore plus au cours des années qui viennent.
La radiothérapie nécessite des machines de traitements volumineuses et coûteuses, installées dans des bunkers de traitements volumineux et couteux. En plus, les nouvelles techniques de radiothérapie nécessitent toute une série d’outils pour rendre les traitements de plus en plus précis et sécurisés.
Les services de radiothérapie belges ont bien essayé jusqu’à maintenant de suivre les évolutions techniques en installant un parc technique le plus moderne possible. Heureusement, ces systèmes ont une espérance de vie de quelques années et permettent de traiter plus de 30 patients par jour par machine. Le coût d’un traitement est constitué du coût pour les machines mais le coût les plus élevé est lié au personnel multidisciplinaire qui prépare et délivre les traitements. Ce coût total n’est pas toujours bien couvert par les montants remboursés. La plupart des traitements par radiothérapie sont réalisés pour un montant total en dessous de 4000 Euros, tout compris. Pour une petite minorité de patients, ce sera potentiellement plus élevé, mais toujours bien en dessous de 10 000 Euros. Il vous semble peut être qu’il s’agit de montants importants, mais n’oublions pas que par rapport au coût d’une série de traitements systémiques (avec des drogues modernes), ce coût est très modeste.
Lors d’une comparaison entre le coût d’un traitement par radiothérapie et un traitement par « chimiothérapie », il ne s’agit évidemment pas d’une simplification de la discussion, du style « il faut remplacer traitement A, plus coûteux, par traitement B, moins coûteux ». En réalité, pour chaque situation oncologique, il existe un optimum, parfois A, parfois B, ou une combinaison des deux. Mais il convient quand même d’insister sur le fait que la radiothérapie reste relativement « bon marché » par rapport à sa grande efficacité. Dans un pays civilisé comme la Belgique, avec une sécurité sociale très bien organisée, nous constatons que le remboursement de certains traitements systémiques est bien disponible malgré le fait que ces traitements ont parfois un effet bénéfique très limité pour les patients en terme d’amélioration du confort de vie ou de la survie. Les radiothérapeutes-oncologues sont généralement convaincus que la radiothérapie moderne est vraiment très efficace, avec un coût associé très favorable par rapport aux autres traitements reconnus.
Différents problèmes persistent par contre: la quantification difficile des effets et résultats obtenus par les différents traitements. Il y a un risque de commencer à comparer pommes et poires. Certains traitements pourraient être considérés à première vue comme coûteux. Mais si ces traitements étaient en effet très précis et n’induisaient donc pas d’effets secondaires, ils pourraient être à long terme les traitements les plus intéressants comparés à une approche compétitive qui semble à première vue moins coûteuse mais qui engendre plus d’effets secondaires. Ces effets secondaires sont alors à l’origine de coûts inattendus par exemple sous forme de médicaments à prévoir ou de pansements à appliquer ou encore de la kinésithérapie à organiser, potentiellement pendant des années. Dans un monde idéal, il faudrait donc éviter de regarder seulement le coût apparent d’un traitement individuel basé sur le tarif de remboursement dans une spécialité médicale spécifique. Il faudrait plutôt évaluer les coûts de l’ensemble d’un itinéraire clinique pour une maladie donnée, à travers toutes les spécialités médicales, tenant compte également des coûts secondaires au niveau des médicaments, de la kinésithérapie, des pansements et cetera.
Les services de radiothérapie ont utilisé davantage la nomenclature du gouvernement belge pour financer les traitements. Mais pour ces montant investit, ils ont pu délivrer des traitements haut de gamme, comparables à ce qu’on offre comme qualité dans les pays voisins, potentiellement même à un coût inférieur à ce que cela aurait couté dans ces pays. En plus, les radiothérapeutes-oncologues belges ont investi dans la qualité mesurable, et donc ouverte aux analyses ou contrôles externes.
Malgré le haut niveau de qualité actuel, il convient de rester bien vigilant: le système de remboursement actuel ne laisse pas de marge pour continuer à investir dans des approches techniques encore plus sécurisantes et précises par rapport à ce qui est disponible actuellement. BRAVO fait pourtant confiance aux responsables politiques et aux responsables des radiothérapeutes-oncologues pour collaborer afin d’évoluer vers une nouvelle philosophie de financement à l’avenir.